Jean-Christophe Bailly, Le dépaysement |
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Me voilà donc confronté au moment où, verre de Rosé à la main, il me faut trier, classer et donc renoncer. Au décours de mes errements vespéraux (je me sens d’humeur Chateaubriandesque ce soir) je me résous à n’aborder que trois ou quatre choses dont un livre assez épatant qui n’est pas un polar…mais un ouvrage qui nous parle de nous, de la France, de nos paysages. De la géographie donc, mais quelle langue non d’dlà ! Une sureté de style et de ton qui m’a laissée coi. Pas vraiment un récit de voyage (quoique) plutôt une géographie voyageuse, langoureuse, érudite, qui te berce, t’étonne et te fait redécouvrir des endroits aisément qualifiés par d’autres (dont moi) d’improbables. Un exemple Saint-Etienne (oui je sais). Ca s’appelle donc « le dépaysement » de Jean-Christophe Bailly chez Points. L’ouvrage a déjà deux ans mais je ne suis tombé dessus que récemment. Cet excellent homme n’est tout de même pas rien. Enseignant, romancier, poète et j’en passe. Son opus se déguste doucement, par chapitre, les pieds à la fraiche et un gorgeon de Montlouis de derrière les fagots à portée de pogne. C’est intelligent, incroyablement ambitieux sur le plan intellectuel mais ni chiant ni pontifiant. Un peu d’habileté ne nuit donc pas. | |
James Crumley, Le canard siffleur mexicain |
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Vraiment bien cette fois-ci et j’avais envie de vous en parler depuis un certain temps : « le canard siffleur mexicain » de James Crumley, chez Gallimard dans la Noire (pas la série noire, la noire ! béotien) paru en 1994. Un vrai chef d’œuvre que ce bouquin. Vous connaissez certainement Crumley, non ? Mais si ! Un de ces auteurs du Montana, bringueur, érudit, un peu trappeur et homme des bois dans le genre Jim Thomson. Il y a du Rock, des motos (un peu) une nature omniprésente comme on l’aime, de l’amour, du suspense, de la mélancolie et de l’humour…Et oui, on n’en sort pas les gars c’est la recette d’un bon livre et celui-là en est sacrément un. Sughrue, le personnage principal, est touchant et inquiétant à la fois, juste comme il faut. C’est haletant, bien ficelé et un peu destroy. Donc demain tu essaies de te le procurer et on s’en parle. | |
James Lee Burke, Texas forever |
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Alors oui, euh vient le temps de la confession. Je commence à prendre goût aux cowboy’s novels, régulièrement conchiés comme aurait dit Aragon dans cette rubrique puis tout aussi régulièrement portés au pinacle dorénavant. Pourquoi ? Et bien parce qu’en tout homme sérieux, il y a un cow-boy (ou un gentil nindien) qui sommeille et qui ne demande qu’à se saisir d’un bon vieux colt. Voilà c’est fait, c’est dit. Je sens que tu doutes, que tu hésites encore. Une bonne raison de changer d’avis ? « Texas forever » de l’incontournable et immense James Lee Burke, paru chez Payot (Rivage) en 2013. Ca se passe successivement en Louisiane et au Texas dans les années 1830/1840. La Louisiane est récemment américaine et l’influence française encore très présente. Pour ce qui est du Texas, c’est une colonie mexicaine en passe de s’émanciper (comme la Californie de Zorro car je connais mes classiques). Y a donc du baston, des méchants (mexicains) des gentils (texans) des fourbes (français de Louisiane) tout ça avec juste ce qu’il faut de clin d’œil pour en sourire. Comme toujours chez Burke, c’est précis, clinique, documenté et enlevé à la fois. On retrouve le charme des westerns d’antan. Ah Fort Alamo ! Justement ça s’y passe aussi. Bref, le dernier des Mohicans a fait des émules et on ne s’en plaindra pas. |